LA MAISON D'HÉRELLE

 


 

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 Témoignages
 

Année après année, nous recevons des témoignages de nombreuses personnes qui ont partagé la vie de la Maison d'Hérelle et qui nous en remercient.

Ces quelques pages en disent long sur l'atmosphère chaleureuse ainsi que sur les liens tissés entre nous.

  • Témoignages de résidents
    • « J’aimerais rester encore mais je dois partir… »
    • « Je me suis senti en confiance »
    • Le lent retour à l’autonomie
    • Un travail d’ajustement à plein temps
    • « La Maison est un lieu d’espoir »
    • « Les intervenants ont le cœur sur la main »
  • Témoignages de proches
    • « À vos côtés, mon père a su regagner sa dignité et sa paix intérieure »
    • « Ils m’ont supporté dans ma souffrance »
  • Témoignages de bénévoles
    • « Plus j’aime et plus je suis aimée »
      « Le résident demeure toujours le capitaine du bateau »
      « Il suffit que vous y alliez une fois pour comprendre que cet établissement est vrai »
      « Parce qu’il n’existe pas de trithérapie contre l’ignorance et l’intolérance des autres »
      « C'est comme une famille où tout le monde est inclus »
      « J'ai fait la connaissance de personnes qui ont enrichi ma vie »
      « Trouver un sens à ma vie »
      « Une belle leçon de vie ! »
      « When you walk in, walk in proud! »
      « En aidant les autres, on s’aide un peu soi même »
      « La Maison d’Hérelle m’a permis de développer une ouverture d’esprit »
  • Témoignages du personnel

    « Tu es bien plus grand que tu ne penses »
    « Je remercie celles et ceux qui sont passé(e)s à d’Hérelle »
    « Il y a une grande partie de mon cœur ici… »
    « Un lieu où les valeurs humaines sont réellement vécues »
    « Un lieu où il est permis de rire et de pleurer sans jamais être jugé »
    « Le travail peut devenir un lieu de ressourcement et de croissance »
    « Le genre d’histoire qui me dit qu’il faut continuer à se battre. »
    « J’apprends sans cesse, sur moi, sur les autres, sur la maladie, les soins, la vie… »

Témoignages de résidents

 

« J’aimerais rester encore mais je dois partir… »

Je suis invité à passer le temps de ma convalescence à la Maison d’Hérelle car je suis sidéen depuis 23 ans et récemment, on m’a diagnostiqué un cancer du larynx et des cordes vocales.

Je reçois la visite à l’hôpital de l’infirmier Jean-Marc accompagné de Danielle, une stagiaire. Il m’assure que je pourrai y séjourner le temps nécessaire à ma remise sur pied et que j’aurai le soutien de toute une équipe prête à m’accueillir. Ma seule question : « Est-ce qu’on peut mourir en paix chez vous ? ». Oui, me confirme-t-on, mais plusieurs guérissent et repartent de la Maison d’Hérelle continuer leur vie ailleurs.

À ma sortie de l’hôpital, je visite la résidence de la rue St-Hubert, vieille maison aux plafonds très hauts et aux boiseries authentiques, très bien restaurées sur les trois étages. Il y a un ascenseur pour les plus faibles, plusieurs toilettes et salles de bain sur chaque étage. Même s’il est bien rempli par les 17 résidents, l’endroit est impeccable de propreté. Ça sent bon car il y a deux cuisinières qui s’affairent à nous préparer des bons petits plats santé ainsi que toutes les viandes et poissons, meilleurs pour mon organisme que ce que je pourrais faire pour moi-même. Donc, toujours cet arôme délicieux qui nous incite à mieux vivre.

Plusieurs chambres ont un balcon et les fumeurs ont un endroit réservé, c’est sympa. Je ne peux dire qui est bénévole ou employé tellement tout le monde est cordial et bienveillant.

À mon arrivée, je suis maussade et frustré, car la vie m’a presque enlevé la parole et je ne peux pas vraiment en parler. Les résidents autant que le personnel me souhaitent la bienvenue et m’offrent leur amitié tout en partageant les locaux de cette superbe demeure. Ça ne sera pas facile, car j’ai envie qu’on me laisse seul. Ils me respectent dans cet isolement temporaire et volontaire.

En un mois et demi, j’ai 33 traitements de radio et chimio. Je reçois le soutien de toute l’équipe. Je peux dire aujourd’hui que grâce à cette équipe formidable, autant les résidents que les bénévoles, le personnel préposé, l’équipe gérant les multiples paliers de soutien nécessaires à une meilleure qualité de vie, je n’ai pas sombré dans un désespoir total. Ça, c’est de l’amour humain divinement orchestré, je le soupçonne…

Puis Noël est arrivé. Merci pour la fête péruvienne. C’est un festin, chacun est invité à y participer à sa façon. C’est l’abondance, la générosité et le plaisir partagé, tout ça inattendu mais bien préparé et soutenu par toute l’équipe de la Maison d’Hérelle. Ça commence tôt et ça finit tôt et chacun semble rassasié de plaisir et de vrai bonheur.

Les règlements de la maison sont assez stricts. Les heures des repas sont pratiquement inflexibles. Chacun doit se ramasser s’il est autonome. Aucune drogue n’est tolérée à l’intérieur du bâtiment. Les allées et venues sont contrôlées par un système d’intercom et c’est bien comme ça. Il faut tirer la ligne quand on vit en communauté et cela semble bien compris de tous.

Bientôt je repars chez moi en Abitibi puis je réalise soudainement la chance et le privilège que la vie m’a donné en m’amenant ici. Je suis en amour avec la Maison d’Hérelle, avec chaque résident, chaque bénévole, chaque intervenant et tout le personnel de l’administration. J’aimerais rester encore mais je dois partir…

Et on me dit : « Tu pourras revenir nous voir. »

Alors je vous emmène tous dans mon précieux bagage que ni la rouille ou les intempéries ou le temps ne détruira…

Je vous aime

André-Pierre xxx

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« Je me suis senti en confiance »

Depuis janvier 2007, je faisais des allers et retours à l’hôpital, mon état de santé n’était pas fort, je perdais du poids, j’avais des pneumonies à répétition. Le médecin m’a proposé de faire un test VIH. On m’a diagnostiqué la maladie en juin 2007, c’est récent. Je suis resté à l’hôpital, en région, pendant plusieurs semaines. À ma sortie, je ne pouvais plus rester seul chez moi, il me fallait un endroit pour vivre. Ma travailleuse sociale cherchait une maison de convalescence, mais j’étais trop jeune. Elle a contacté la Maison d’Hérelle; c’était spécialisé dans ma maladie, c’est tout ce que je savais.

Le VIH c’était si nouveau, je ne connaissais pas la maladie, ça me faisait peur. Je n’imaginais pas que ça m’arriverait, je pensais que c’était la fin de mes jours, je ne savais pas quoi attendre de la vie. Au départ j’avais peur d’être dans une maison d’hébergement, d’y être délaissé, mal suivi, comme ça été le cas de ma mère. Je pensais mourir, j’étais résigné. Je n’avais pas de colère, je me disais que la personne qui m’a contaminé avec son VIH c’est comme si elle se promenait avec un gun.

Jean-Marc et Aurélie sont venus me rencontrer à l’hôpital, je m’en souviens toujours. Ils m’ont parlé de la maison, ils m’ont expliqué comment ça fonctionne, je me suis senti en confiance, j’en ai pleuré tellement j’étais content et j’espérais qu’ils allaient me prendre.

Quand je suis arrivé, je ne marchais presque plus, j’avais perdu l’appétit et beaucoup de poids. Je connaissais pas les pilules, ne savait pas comment les prendre. J’avais des pertes de mémoire. Quand je suis arrivé à la Maison d’Hérelle, ils étaient relocalisés à l’hôpital L.H. J’ai vécu mes premiers mois là-bas.
Je me souviens de la première marche que j’ai prise à l’extérieur. Ça été difficile, mais ce jour-là j’ai réalisé que j’étais capable d’aller marcher, avec de la volonté. Après ça je suis sorti aux 2 jours puis chaque jour. À force de bien manger, j’ai repris confiance en moi, j’ai remonté.

Huit mois après, je suis en bonne santé, comme avant que je sois malade, capable de subvenir à mes besoins, me faire à manger, m’occuper de moi. J’ai appris à ne plus me négliger, être attentif. Vous m’avez donné envie de me battre. Ma mémoire revient, mon énergie est bonne, j’ai repris du poids, mes jambes restent fragiles, je me fatigue assez vite.

Ici il y a l’ambiance chaleureuse, humaine, une grosse amitié. Même s’il y a beaucoup de staff, on est chez nous, ce n’est pas une prison, on a l’aide qu’on a besoin et on peut garder notre indépendance. L’équipe est toujours là pour nous aider moralement et physiquement.
Dans une maison spécialisée comme ici on a une bonne information. Les intervenants t’aident en t’apprenant sur la maladie. Mon fils en avait tellement peur qu’il ne venait plus me voir, alors ils lui ont parlé, lui ont expliqué ce que c’était. Ça l’a rassuré, depuis c’est comme avant, je vais même des fins de semaine chez lui.
La Maison d’Hérelle m’a aidé à vivre avec mon VIH. J’ai passé à travers mes peurs, j’ai guéri ici.
Je ne sais pas comment le décrire tellement que ça été formidable. Je partirai le cœur gros d’ici, je vais perdre ma famille, pour moi ici c’est mes frères et sœurs.

Gérald

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Le lent retour à l’autonomie

L’arrivée de puissants inhibiteurs de la protéase signe-t-elle la fin de l’épidémie et la possibilité de retour au travail d’un nombre grandissant de personnes ? Cela serait surprenant, pas pour tous, en tous cas pas dans un premier temps : la guerre épuise, surtout quand on compte ses morts. Ne suis-je pas un peu le dernier des Mohicans ? J’ai connu l’époque où l’amour n’avait pas à se soucier d’un virus meurtrier, contrairement à ceux qui ont vingt ans aujourd’hui.

Que d’efforts pour presque rien : un système nerveux vacillant, comparable aux filins du Golden Gate durant un tremblement de terre. Moi qui riais tout le temps, de moi surtout. Voilà que la maladie me rend irascible, imprévisible, instable, malheureux, passant de la bonne humeur au retrait sur soi, besoin de refaire mes forces et cette anxiété qui desserre et resserre ses étaux à sa guise.

Je refuse de perdre, je me suis trop battu, trop battu ! Et ces CD4 qui baissent et me narguent. Je rage ! Je rage contre ce petit microbe qui s’est abattu sur cette fin de siècle comme la peste sur l’Europe du Moyen Âge. Nous nous croyions à l’abri de tout, comment aurait-on pu prévoir l’arrivée d’un virus pareil à la fin des années soixante-dix?

Je ne prenais presque plus mes médicaments. Tout n’était que chaos. Que s’est-il passé, où étais-je ? Et en plus, une peine d’amour effroyable : ravages, destructions, contradictions internes, douleur incommensurable, coup d’estoc ! Vivement une ordonnance, docteur : « seul le temps, seul le temps, non est medicamentem ». Point d’ancrage, un phare dans la tempête, zone dénucléarisée : la Maison d’Hérelle, un îlot de paix sur un lac déchaîné. Continuer, continuer, continuer. Puisqu’il le faut, puisque j’ai de nouveau le goût de vivre, enfin un peu plus. Le contact avec les pairs, l’accès à tout un éventail de ressources, le retour à une alimentation quasi-normale, le retour à une certaine hygiène de vie. Que d’efforts, tout m’épuise. Mais je me sens épaulé, soutenu, moi qui perd pied, qui perd l’équilibre dans la rue : tempête neuronale. Ici, aucun jugement. Mais je suis tellement différent dans ma différence, je l’ai toujours été. Je suis habitué à la compagnie des livres, moi qui vivais dans ma bulle, loin des humains. J’aime les humains, mais ils me terrorisent d’une certaine façon. Je ne suis pas un gars de gang. On me croit distant, je suis fondamentalement réservé, malgré les apparences. Lente resocialisation. Avec un peu d’humour, le plat sera excellent. Tout est dans les épices, n’est-ce pas ?

La guerre devrait se terminer bientôt, demain sûrement. Mais les ravages demeurent et l’infection au VIH deviendra une maladie chronique, gérable au même titre que le diabète. Mais ne nous faisons aucune illusion, il faudra un plan Marshall et le virus de l’immunodéficience ne paiera aucun dommage de guerre. Il ne me ramènera pas mes amis. Il a assassiné mon bonheur, non, il l’a menacé, tout au plus. Pauvre petite chose, si tu savais à qui tu t’en es pris. Je me battrai pour ceux qui sont morts au front au nom des miens et j’entends vivre tard dans le siècle prochain. Je remercie la Maison pour m’avoir ramené à la vie. Bientôt, très bientôt sonneront les cloches de l’Armistice à toutes volées. Rendez-vous pour ce party de la victoire !

Un résident

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Un travail d’ajustement à plein temps

Mon arrivée à la Maison d’Hérelle ne se fit pas sans douleurs. Un an de réflexions mijotait en moi avant de faire le grand saut. Mais que de décisions à prendre en un si court laps de temps dont j’ai dû effectuer le transfert durant ma convalescence! Dois-je conserver ou quitter mon appartement? Que ferai-je de toutes les choses qui m’entourent? Lesquelles dois-je conserver, entreposer ou amener avec moi? De quoi dois-je me libérer à tout jamais? À tout jamais? En es-tu certain? Plein de questions et souvent sans réponse!

Chose certaine, ma décision d’aménager ici était claire. Après de multiples problèmes de santé et d’hospitalisations, mon besoin en était devenu évident. L’introduction à la Maison s’est très bien passée, à tel point que je me suis demandé pourquoi je n’avais pas fait le grand saut avant aujourd’hui. L’accueil très chaleureux des gens d’ici à d’Hérelle (tant au niveau des intervenants que des résidents eux-mêmes) fut formidable, mais il ne fallait pas me demander de retenir tous ces noms! Ce fut très drôle au début de côtoyer des gens qui vivaient des problèmes de santé similaires aux miens. Je n’étais pas habitué à parler avec des gens vivant la même problématique. Enfin! Je n’ai pas le fardeau d’avoir à expliquer ce que je ressens à tous et chacun. Ils me comprennent!

La vie, ici à d’Hérelle, n’est pas toujours évidente. En plus d’avoir à combattre ce fameux virus qui est notre principal lien à tous ici, nous devons, nous, les résidents, intervenants et bénévoles, composer avec tout ce qui l’entoure. Tant au niveau de l’environnement physique, social, moral, psychologique… Il faut vite apprendre à vivre en communauté et laisser de côté plusieurs de nos habitudes de «vieux garçon» demeurant seul. Il faut apprendre aussi à composer avec les problèmes de santé de chacun. Cela n’est pas toujours facile de voir quelqu’un tomber malade, être hospitalisé et parfois décéder. Notre santé précaire, la crainte de notre propre mort et la vision de descendre une autre marche de l’escalier de la perte d’autonomie nous rend plus vulnérables dans ces moments peu joyeux!

Il ne faut pas négliger le fait d’avoir à composer avec une clientèle de moins en moins homogène. Ici, on retrouve toutes les orientations sexuelles, différentes classes sociales, des groupes d’âge variés et de multiples problématiques de santé. Je n’étais pas du tout préparé à composer avec toute cette panoplie de combinaisons!

Il a fallu beaucoup d’énergie, de temps, de patience et de compréhension afin d’abaisser certaines barrières et préjugés envers les autres. Et là-dessus, j’étais presque en train d’omettre le fait d’avoir à composer avec le caractère de chacun et les mesures parfois drastiques mais nécessaires que la Maison doit appliquer afin de régler des problèmes sérieux. De plus, le départ de plus en plus fréquent sur la route de l’autonomie de certains ouvre la porte à l’arrivée de nouveaux résidents qui nous oblige encore une fois à effectuer un ajustement dans notre vie communautaire! Ouf! C’est un travail à plein temps!

Ce qui fut merveilleux pour moi fut de découvrir un amant parmi les résidents de la Maison. Loin derrière était ma pensée de rencontrer un jour un nouvel amant. Dans un certain sens, j’en avais fait mon deuil. Au fait, comment aime-t-on? Comment devons-nous partager notre vie? L’ai-je déjà su? Je ne me souviens plus! Ça fait tellement longtemps! Laissons le bateau suivre le courant de la rivière. On verra bien où ça nous mènera!

Et ma santé bordel! Qu’en est-elle? Où en est rendue mon évolution dans mon séjour à d’Hérelle? Suis-je en train de négliger mon propre moi? S.V.P. remettez-moi à l’ordre!

Ghislain Bélanger

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« La Maison est un lieu d’espoir »

Je suis arrivée à la Maison d’Hérelle en décembre 1998, pour y mourir. Puis, petit à petit, il y a eu une remontée. Lente, mais remarquable. J’ai donc essayé une deuxième trithérapie. Maintenant, je peux dire que si la Maison d’Hérelle ne m’avait pas accueillie, je ne serais pas ici aujourd’hui. La Maison d’Hérelle m’a apporté de la quiétude, de la paix, un entourage, des amis et bien sûr, une meilleure santé.

Beaucoup de monde, ce n’est pas toujours facile! Surtout pour une personne malade et solitaire. Mais j’ai appris au fil du temps que beaucoup de monde ne veut pas nécessairement dire trop de monde. J’ai fini par apprécier les relations qui se sont tissées.

Il y a eu des moments difficiles et, entre autres, une période noire. La Maison d’Hérelle a été là tout au long de ce parcours. Je dois beaucoup à Michel, mon intervenant principal, qui m’a soutenue moralement et qui a pris le temps de s’asseoir avec moi pour m’aider à voir les choses autrement, dans le plus grand respect, sans me juger. Et, pour tout ça, je lui lève mon chapeau!

La Maison est un lieu d’espoir. La plupart des gens qui arrivent ici ont perdu l’espoir et beaucoup y retrouvent le goût de vivre. Ici, nous sommes traité(e)s comme des personnes et non comme des malades. C’est ce qui fait toute la différence.

Je prépare mon départ en logement pour juillet. Et malgré les hauts et les bas de mon séjour à d’Hérelle, le côté humain de cet endroit restera mon plus cher souvenir. C’est une Maison où j’ai été accueillie et écoutée.

Anick

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« Les intervenants ont le cœur sur la main »

On l’appelle affectueusement la maison de l’amour.
Une maison où l’on accueille des personnes vivant avec le VIH/Sida.
Alors que nos vies basculent, prennent un virage imprévu,
La Maison d’Hérelle est là.

On bénéficie ici de soins autant physiques que psychologiques Appropriés à sa propre condition.
Que ce soit pour l’encadrement, la prise de médicaments, de bons repas,
Ici l’aspect humain est vraiment mis de l’avant.
Face au stress que peut engendrer la maladie,
Il ne faut surtout pas se gêner ici de demander juste à parler.
Les intervenants ont le cœur sur la main.

En plus d’avoir une meilleure qualité de vie,
La Maison d’Hérelle offre des services de massage, de coiffure
Et de couture assurés par des bénévoles.
Ces derniers peuvent également nous accompagner lors de nos rendez-vous
Ou simplement pour une promenade.

Nous sommes 17 personnes comme vous, comme moi,
À nous partager ce lieu.
Ce qui m’a donné la chance d’échanger, de partager et
De démystifier la maladie.
La plupart y résident le temps de refaire leurs forces
En vue de reprendre le cours de leur vie.
Parfois, certains nous quittent pour l’autre monde…

C’est mon deuxième séjour ici.
Ce qui me permet d’apprécier davantage et de reconnaître
La nécessité d’un tel établissement.

Et comme de dire Mme Lise Thibault, Lieutenant Gouverneur du Québec, lors de sa visite en octobre dernier :

« Cette maison cultive l’accueil
Et récolte des fruits
Dont les âmes se repaissent
Dans la plénitude de l’instant qui passe. »

Sylvain Ouellet

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Témoignages de proches

 

« À vos côtés, mon père a su regagner sa dignité et sa paix intérieure. »

Aux intervenants et résidents de la Maison d’Hérelle,

Je tiens à vous remercier du fond du cœur pour tout le soutien que vous nous avez apporté à mon père et à moi durant ces moments intenses. Grâce à votre ouverture, votre présence et votre grande générosité, j’ai pu vivre une réconciliation avec l’homme le plus important de ma vie. Tout le respect et l’amour que vous lui avez accordé m’ont aidé à me sentir fière de lui, à reconnaître son grand courage et à lui pardonner et l’aimer. A vos côtés, mon père a su regagner sa dignité et sa paix intérieure.

La plus grande leçon que je retiens de cette expérience est que notre plus grand besoin est celui d’aimer et d’être aimé. En votre précieuse compagnie, mon père s’est senti en sécurité pour donner et recevoir cette grande ressource qu’est l’amour.

Je porterai à jamais dans mon cœur cette magie que chacun de vous avez contribué à créer durant ces moments de retrouvailles.
Je vous souhaite à tous un heureux temps des fêtes, rempli de chaleur et d’amour.

Affectueusement,

Marianne xxx

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« Ils m’ont supporté dans ma souffrance. »

À la fin du mois d’août 2007, Martin Campeau faisait son entrée à la Maison d’Hérelle. Moi, sa sœur, avait fait les démarches nécessaires avec l’aide des travailleurs sociaux de l’Hôpital de Ste-Agathe où Martin avait été hospitalisé précédemment (depuis le 11 juillet 2007). C’est là que les médecins ont diagnostiqué le SIDA. Martin ainsi que son entourage ne soupçonnaient pas cette maladie, car ayant souffert de 3 cancers durant les années précédentes, nous pensions plutôt à un retour de celui-ci. Ceci a été un choc pour Martin, car il se croyait à l’abri de cette maladie. Nous appelons cela la pensée magique. Ce fut aussi un choc pour nous, sa famille et ses amis(es).

Le SIDA se manifestait chez lui au niveau des poumons, de la peau et du cerveau. Progressivement, l’atteinte au cerveau l’a rendu aphasique et paralysé du côté droit. J’ai assisté à la dégradation de son corps avec consternation. C’était la première fois que j’accompagnais aussi étroitement quelqu’un qui était si sévèrement atteint.

Je reviens au début de l’entrée de Martin à la Maison d’Hérelle. Jean-Marc s’était rendu à l’hôpital de Ste-Agathe faire une évaluation de l’état de Martin. Quel n’a pas été mon étonnement accompagné d’un soulagement lorsque Jean-Marc m’a annoncé que Martin serait transféré deux jours plus tard à Montréal. Jean-Marc a agi avec une grande empathie et une compétence indéniable. J’ai su immédiatement que Martin serait bien assisté. J’ai encore ressenti le même effet lorsque j’ai pénétré dans cette maison. L’accueil chaleureux et le professionnalisme m’ont impressionné, et cela, tout au long du séjour de Martin qui s’est terminé par sa mort le 20 octobre 2007.

Le lien qui m’unissait à mon frère était très profond et ceci se poursuit même si sa présence physique n’est plus là. J’ai été auprès de lui de presque à tous les instants. Dès qu’il a commencé à être malade (mi-juin 2007), j’ai tenu à l’entourer, à l’aider. Cette période a été un chemin de croix. J’avais la consolation de voir son beau sourire et ses yeux s’illuminer à mon arrivée. Il ne s’exprimait plus, mais le serrer dans mes bras tenait lieu de dialogue. Je constatais que les autres résidents recevaient peu de visites et ceci m’affectait. Je n’aurais pas souhaité que Martin vive cela.

Tout le personnel : préposés (es), infirmiers (ères), intervenants (es), cuisiniers (ères), bénévoles ont été formidables. Ils ont prodigué soins et assistance à Martin. Je leur serai éternellement reconnaissante. Pour ma part, ils m’ont supporté dans ma souffrance. Ils m’ont écouté et fait parler. Même les autres malades étaient aimables envers Martin et moi.
Je n’oublierai pas les repas que j’ai partagés avec les personnes présentes lorsque j’allais faire manger Martin. Malgré le travail exigeant, tout le monde savait rendre l’atmosphère légère. Il y avait même de la place pour l’humour. Bravo !

Comment les personnes atteintes du SIDA ont-elles faites il y a quelques années lorsqu’aucun établissement comme le vôtre n’existait pas. Je n’ose même pas l’imaginer. C’est un service essentiel. Nous devons grandement remercier les gens initiateurs de tels projets et toutes les personnes qui y travaillent activement.

Chapeau et merci….. merci !

Diane

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Témoignages de bénévoles

 

« Plus j’aime et plus je suis aimée »

Je suis bénévole à la Maison d’Hérelle depuis janvier 1992. Il y a déjà plus de huit ans que je viens chaque semaine soutenir les intervenants auprès des résidents et, quelquefois, soutenir les intervenants eux-mêmes.

Infirmière de formation, j’étais attirée par les soins palliatifs. J’appréciais l’authenticité des gens en fin de vie : ils ne jouent pas de jeux et partagent ce qu’ils vivent avec tant de sincérité. J’ai appris à écouter, à sentir le plein dans le silence. Je me rappelle chaque personne que j’ai connue, avec une multitude de détails qui construisent la qualité d’une relation.

Il y a eu un tournant important, en décembre 1996. La Maison s’est agrandie et a ouvert ses portes à 17 personnes, au lieu de 11, au début. Ensuite, la clientèle a progressivement changé. Moins de personnes en phase terminale et plus de personnes en transition. Plus de toxicomanes aussi. Et c’est là que j’ai remis en question ma place à la Maison d’Hérelle. Je n’étais pas certaine d’être à l’aise avec une nouvelle façon d’accompagner. Puis, peu à peu, je me suis attachée à
d’autres résidents et j’ai trouvé comment aider autrement. J’ai appris que pour découvrir l’univers de quelqu’un, le cœur doit y être, sans jugement.

Si je suis bénévole, c’est parce que je me sens choyée par la vie et c’est ma façon de dire merci. Ce qui est le plus spécial, c’est que plus je donne et plus je reçois… plus j’aime et plus je suis aimée.

Jacqueline

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« Le résident demeure toujours le capitaine du bateau »

Retraitée de l’enseignement depuis plus ou moins un an, je désirais, en 2001, donner un sens à ma nouvelle vie. Je me sentais encore capable de donner, d’aider, de semer des petits bonheurs autour de moi tout en continuant de mordre dans la vie. J’ai tellement reçu de la vie que je voulais tenter à mon tour d’être utile auprès de personnes moins privilégiées. J’ai donc commencé à faire du bénévolat auprès des sans-abri.

Un concours de circonstances m’a conduit à la Maison d’Hérelle. Je suis intriguée par le nom et je prends rendez-vous avec Roland, le coordonnateur de l’action bénévole, pour offrir mes services. Je me suis sentie bien accueillie et tellement bien que l’engagement demandé par Roland de 6 mois de présence se poursuit toujours et se poursuivra tant que ma santé me le permettra. J’ai été craintive au début. La maladie, la souffrance, la mort me touchent beaucoup, mais j’ai plongé. L’accueil, l’encadrement et l’orientation offerts aux bénévoles m’ont inspirée et donné le goût de l’engagement. J’ai commencé mon bénévolat en gardant toujours en tête que « le résident demeure toujours le capitaine du bateau », comme le dit si bien Michèle Blanchard, directrice de la maison.

J’ai d’abord participé à un grand projet de rafraîchissement de la peinture dans la maison élaboré par ma sœur Jacqueline. J’ai pu ainsi côtoyer les résidents et les intervenants qui prenaient soin d’eux. J’ai été témoin de belles « remontées » et me suis liée avec un résident qui m’a particulièrement touchée, Éric. Roland, notre « boss », m’a alors sollicitée pour accompagner un autre résident, Denis, à ses rendez-vous médicaux. Quels bons et beaux moments j’ai passés à ses côtés à « être ses yeux » parce qu’il était non voyant ! J’ai beaucoup appris en côtoyant Denis qui m’a transmis ses valeurs humaines. J’ai aussi accompagné Ginette avec qui j’ai partagé d’autres bons moments.

Je suis maintenant attitrée à la cuisine les lundis et les mardis, je seconde la dynamique équipe de l’entretien ménager. Dans les deux cas, la bonne humeur règne et il est très plaisant de travailler avec des gens engagés, des gens de cœur.

Si je fais un bilan personnel, je dirais que je me présente à la Maison d’Hérelle disponible, avec ce que je suis. J’essaie d’être présente et efficace, prête à rendre service là où je le peux. Ce qui est contagieux à la Maison d’Hérelle, c’est le don, la bonne humeur, le partage, l’amitié et la grandeur d’âme et cette liste n’est pas exhaustive. Je reçois énormément, je grandis encore, même avec mes cinq pieds, et j’espère poursuivre mon cheminement.

Je souhaite que chacun se sente interpellé personnellement par le merci que j’adresse à toute l’équipe de la Maison d’Hérelle. Vous m’avez aussi soutenue lors d’épreuves personnelles durant la dernière année. Votre travail est excellent et indispensable.

Simplement et sincèrement,

Lise Verrette

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« Il suffit que vous y alliez une fois pour comprendre que cet établissement est vrai »

Je pense qu’il suffit que vous y alliez une fois, une seule fois pour comprendre que cet établissement est vrai, avec des gens vrais, des résidents vrais. J’ai choisi d’y faire mon stage en zoothérapie parce que je crois que la société a trop mis de côté ces personnes vivant avec le VIH. Pourtant, ces personnes à la Maison d’Hérelle sont des gens si attachants, ouverts, remplis de vie.

Il n’y a pas longtemps que j’ai commencé mon bénévolat, mais je m’y sens accueillie avec une telle ouverture des résidents et des membres de l’équipe, qui tiennent le fort qu’est cette maison. Une expérience qui pour moi est des plus positive et qui je l’espère sera le début d’une belle amitié avec cette maison.

Caroline Lachapelle, zoothérapeute.

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« Parce qu’il n’existe pas de trithérapie contre l’ignorance et l’intolérance des autres »

Parce que je crois qu’il existe toujours du jugement, de l’ostracisation, du rejet, de l’incompréhension face aux personnes vivant avec le VIH.

Parce qu’il n’existe pas de trithérapie contre l’ignorance et l’intolérance des autres.

Parce qu’ici, les valeurs véhiculées sont identiques aux miennes.

Parce que, chaque personne vivant à la Maison est unique avec son vécu unique et je m’enrichis à leur contact en apprenant à les connaître.

Parce que, j’espère qu’à chacune de mes rencontres, je puisse leur redonner une petite parcelle de ce qu’ils me donnent en me permettant d’entrer dans leur vie.

Parce que j’admire leur courage, leur combativité, la lueur, qui malgré la souffrance, illuminent toujours leur regard.

Parce qu’il y a et aura toujours des besoins humains qui demanderont à être assouvis. L’écoute, l’acceptation, la compréhension mutuelle sont de ceux-là, que l'on soit infecté par le VIH ou pas.

Parce qu’en côtoyant tous et chacun ici, je deviens une meilleure personne, un meilleur être humain.

Josée Lafrenière, zoothérapeute.

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« C'est comme une famille où tout le monde est inclus »

J’étais à la recherche d'un lieu pour faire du bénévolat afin de pouvoir travailler avec des gens dans le besoin et aussi pratiquer la langue française. Je suis allé au SBEM (Service bénévole de l'Est de Montréal). Ils m’ont alors référé à la Maison d'Hérelle.
Lorsque j'ai commencé mon bénévolat, j'ai vite découvert que c’est une maison d’élite. Une maison hors pair, où règne une atmosphère très agréable pour travailler.

Je me sens vraiment privilégié d’appartenir à l'équipe, c'est comme une famille où tout le monde est inclus. Les résidents sont traités avec respect et jouissent d’une exceptionnelle attention. J'ai trouvé que le personnel voulait accompagner les résidents et que ce n’était pas pour eux qu’un travail. Ce que j'apprécie à la Maison d'Hérelle, c’est cette attitude générale d’être au service des autres. « Celui qui veut être grand parmi vous, laissez-le être votre serviteur. »

Kevin Martin, bénévole à la cuisine

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« J'ai fait la connaissance de personnes qui ont enrichi ma vie »

Je prenais un cours sur le VIH/SIDA à l'Université Concordia. Il fallait faire du bénévolat avec un organisme travaillant dans le milieu du VIH. J'ai choisi la Maison parce que je voulais être avec ceux qui vivaient la réalité d'être atteint. J'ai commencé à la cuisine, mais je me trouvais trop éloigné des résidents. Alors, je suis allée « sur le plancher ». J'aimais l'ambiance familiale de la maison et le fait que j'étais considérée comme faisant partie de l'équipe de travail. J'ai fait la connaissance de personnes qui ont enrichi ma vie.
Ensuite, j'ai suivi les résidents à l'appartement. Cela m'a permis de mieux connaître les locataires. Il et elles m'ont accueillie chaleureusement. J'accompagne aussi une personne à la piscine à toutes les deux semaines. Nous avons beaucoup de plaisir dans l'eau.

Pourquoi je continue? Même si je ne suis pas là souvent, je me sens comme faisant partie de la « famille ». Je sors de mon milieu complètement, ce qui me fait un bien énorme. Je fais, la rencontre d'êtres humains tous différents les uns des autres, cherchant à jouir de la vie malgré des obstacles au niveau de leur santé. C'est inspirant!

Merci X X X Alice

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« Trouver un sens à ma vie »

J'ai choisi la Maison d’Hérelle pour mon bénévolat pour trois raisons. La première pour remercier Dieu de m'avoir gardé en vie, la deuxième parce que mon mari est décédé à la maison il y a plusieurs années. La troisième pour trouver un sens à ma vie, retrouver ce côté humain que je croyais avoir perdu et la paix que je ressens lorsque je suis à la Maison d'Hérelle. Je crois en la cause et trouve en tout le monde tellement d'amour et de bonté.

Jocelyne St Fleur

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« Une belle leçon de vie ! »

Avant tout, j’aimerais remercier, du fond de mon cœur, tous ceux qui m’ont accueilli à la Maison d’Hérelle : les résidents, les intervenants, les bénévoles, Roland (coordonnateur de l’action bénévole) et Michèle Blanchard (directrice générale). Mon expérience auprès de ces personnes formidables a débuté le 31 mai 2002.

J’ai toujours voulu dédier un peu de mon temps à offrir de l’aide et de l’amour à des personnes se trouvant dans le besoin. Je n’avais, par contre, aucune préférence pour un organisme en particulier. Lors d’un entretien avec M. Michel Arnold (directeur général de la Fondation Farha), je lui ai fait part de mon désir de devenir bénévole. Il m’a alors référé à la Maison d’Hérelle et c’est à ce moment que mon expérience a commencé.

À cause de mon travail, je ne peux malheureusement pas consacrer plus de temps au bénévolat pour participer davantage à cet échange d’énergie et d’amour qui se fait à la Maison d’Hérelle. Présentement, j’y vais une demi-journée aux 15 jours en plus de participer aux activités spéciales telles que des soupers, des barbecues et d’autres fêtes.

Côtoyer ces chers frères et amis, surtout les résidents, c’est une grande leçon de vie pour moi. Partager leurs douleurs, angoisses et souffrances me donne la certitude que nous ne serons jamais seuls. Nous aurons toujours un ami qui sera prêt à nous aider dans les moments les plus difficiles.

Dans ma perception, nous sommes tous pareils et vivons sur cette planète où personne n’est parfait. Dès notre naissance, nous apportons un bagage que nous aurons à transporter à travers les missions que nous aurons à accomplir. Sans doute, personne ne traverse l’existence corporelle sans éprouver des angoisses. Toutefois, les accepter avec discernement et courage constitue une épreuve permettant aux malades de passer outre et de tenter d’être heureux. Voilà une belle leçon de vie !

C’est à travers le don de soi que j’appris à progresser spirituellement, en ayant la conviction que rien ne meurt et que la vie continue. Le don de soi est quelque chose de plus grand que l’action toute simple d’offrir quelque chose. L’amour, évidemment, tient sa place dans mon acte de bienfaisance. L’amitié, le partage et la compréhension que j’offre sincèrement aux résidents leur donne du confort, mais m’apporte également un bien-être inégalé.

Puisse Dieu nous bénir tous en illuminant notre chemin et en guidant nos pas pendant notre passage sur cette terre.

Celui qui partage et qui donne en se renouvelant toujours, réussit la plénitude de l’Amour et réalise Dieu dans son monde intérieur.

Avec beaucoup d’amour,

Marly Parisi

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« When you walk in, walk in proud! »

J’ai découvert la Maison d’Hérelle, il y a environ un an et demi, à l’intérieur d’un cours universitaire sur le VIH/sida auquel je m’étais inscrit. Pendant une période de six mois, nous nous sommes acharnés à déconstruire le virus sous toutes ses formes. Nos préoccupations portaient non seulement sur les aspects scientifiques de la maladie, mais aussi sur les conséquences sociologiques et politiques de la pandémie. Conclusion brute : notre société patriarcale, dogmatique et capitaliste a largement favorisé la transmission du virus à travers le monde.

À mon arrivée à la Maison d’Hérelle, j’ai dû en premier lieu être confronté au thème général de la maladie et des conséquences physiques VIH-sida sur le corps humain. Des gens malades, j’en avais vu peu dans ma vie et aujourd’hui, je peux sans honte admettre avoir été bousculé par la chose.

Je me suis cependant vite adapté grâce à mon caractère un peu tête de cochon. Bref, je voulais être capable d’affronter mes propres angoisses, une chose qui en tant qu’artiste est très importante pour moi. Mon bénévolat m’a donc permis de me désensibiliser aux corps parfois brisés, usés et fatigués pour que je puisse ensuite venir en aide plus aisément et avec empathie aux résidents de la Maison.

Ma mission personnelle en tant que bénévole à la Maison d’Hérelle est avant tout de tenter de faire oublier à un ou plusieurs résidents qu’ils sont justement dans une résidence où cohabite la maladie. Si je peux en une journée être responsable d’un sourire, eh bien, ma mission est accomplie. Je veux tout simplement essayer de ramener les gens dans la vie ordinaire, celle où on est libre, innocent comme un enfant.

Je me souviens d’une fois où un résident de la maison m’a parlé de sa réaction à son diagnostic. Il le décrivait comme un vol de liberté. Ses paroles m’ont aidé à mieux comprendre sa situation et à former mes ambitions envers la Maison d’Hérelle. Je veux aider les gens de là à retrouver la liberté qui a été perdue, qu’elle soit physique ou émotionnelle. Et c’est possible, car j’en ai été témoin. J’ai vu des résidents sortir de leur fauteuil roulant, retrouvant l’utilisation de leurs jambes. J’ai vu des gens entrer à la Maison d’Hérelle, les ailes un peu brisées et puis repartir soignés par la bonté, par l’amour des gens.

Et puis, finalement, la Maison m’a permis de me connaître davantage. Je me souviendrai toujours de la fois où un résident m’a dit : « When you walk in, walk in proud! ». J’ai tout de suite compris que moi aussi, j’étais sous observation et que même moi, j’ai parfois besoin d’aide, de nouvelles plumes dans mes ailes.

Patrick Lonergan

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« En aidant les autres, on s’aide un peu soi même »

J’ai commencé mon bénévolat à la Maison d’Hérelle en juillet 2006. Je suis enseignante, l’assurance-emploi me permettait de ne pas travailler pendant 2 mois. Je me sentais redevable de l’aide qui m’était apportée. En échange de cet argent, je voulais aider à mon tour, je voulais remettre un peu mais d’une façon plus personnelle.

On m’avait souvent parlé de la maison. Elle semblait fasciner ceux qui y étaient. Quelque chose se dégageait de ce lieu à travers les gens qui m’en parlaient. Je savais que de nombreux bénévoles venaient donner un peu de leur temps chaque semaine depuis des années. Ça m’attirait, j’avais moi aussi envie de découvrir cet endroit.

J’aimais l’idée que ce ne soit pas un hôpital, que ce soit un lieu avec des objectifs personnalisés, en fonction de chaque résident. Je n’avais aucune expérience du milieu médical ou social mais l’idée de participer à cette action m’a séduite. Je ne savais pas bien en quoi je pouvais être utile. Je ne voulais pas intervenir dans les soins physiques donnés aux résidents mais j’étais prête à aider pour toutes les autres tâches.

Dès juillet, je me suis rendue une fois par semaine à la Maison d’Hérelle. Les intervenants m’ont accueilli et m’ont fait visiter la maison. Être face à la maladie n’a pas toujours était facile mais très vite la personnalité de chaque résident a pris le pas sur mes inquiétudes et m’a fait me sentir à l’aise avec chacun d’eux.

Le contact avec les résidents s’est fait petit à petit, en fonction de leur personnalité, de leurs attentes. Je leur ai offert mon aide dans leur quotidien (courses, promenades, etc.) mais le principal de mon temps, je le consacre à leur tenir compagnie. Je tente de faire en sorte qu’ils trouvent un peu de plaisir dans leur journée et qu’ils retrouvent leur autonomie.

J’aide aussi les intervenants et le personnel de la maison en fonction des besoins.

Cela fait maintenant 10 mois que je suis bénévole et c’est toujours avec autant de plaisir qu’une fois par semaine, après mon travail, je me rends à la Maison d’Hérelle. Je me sens utile et j’ai le sentiment qu’en aidant les autres, on s’aide un peu soi même.

J’aime l’atmosphère qui s’en dégage, c’est un lieu qui a une âme. Chaque résident y a laissé un peu de lui-même et les employés de la maison font de cet endroit un cadre idéal pour reprendre pied ou pour passer les derniers moments de sa vie. Je ne voudrais pas être dans l’obligation de cesser mon bénévolat. C’est une relation privilégiée et je ne cèderai pas ma place. Je suis toujours touchée par leur force devant la maladie et c’est toujours un message d’espoir de les voir faire face.

Sandrine Chardin

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« La Maison d’Hérelle m’a permis de développer une ouverture d’esprit »

En tant que bénévole depuis septembre dernier, je vous parlerai de mon expérience acquise avec l’équipe de résidents, d’intervenants et de bénévoles de la Maison d’Hérelle.

Tout d’abord, j’ai appris de nombreux éléments sur les relations interpersonnelles. Une fois par semaine, à raison de 5 heures chaque visite, j’ai aidé les intervenants de la Maison dans leurs tâches. Ainsi en accompagnant des résidents à des rendez-vous à l’hôpital, en demeurant au chevet d’un résident en soins palliatifs ou bien tout simplement en discutant autour d’un bon repas, le bénévolat m’a permis d’apprendre la vie. En effet, j’ai fréquenté des gens que jamais je n’aurais eu la chance de côtoyer autrement. Leur expérience de vie acquise à travers la maladie a été et sera une grande source d’apprentissage pour le néophyte de la vie que je suis. Je trouverai toujours surprenantes la force et la bonne humeur des résidents face à la maladie. C’est pourquoi le bénévolat est un grand puits où l’on peut s’abreuver de l’expérience d’autrui.

J’ai aussi grandement appris à mieux me connaître par l’entremise de la Maison d’Hérelle. Ainsi, je me suis découvert une passion pour la relation d’aide que je n’avais jamais pu développer auparavant. Dans ce milieu, mes efforts et mon dynamisme sont appréciés à leur juste valeur. La relation d’aide devient donc pour moi une nécessité, une partie de moi que je ne peux renier et qu’il faut que j’extériorise. En effet, depuis mon séjour à d’Hérelle, j’ai décidé de changer de voie et de m’orienter vers la médecine. Ainsi, je vivrai pour la relation d’aide. Ce besoin d’aider et du don de soi m’a donc été transmis par les membres de la maison.

De plus, le bénévolat à la Maison d’Hérelle m’a permis de développer une ouverture d’esprit. En effet, en tant que jeune universitaire dans sa « tour d’ivoire », il est facile de se dire ouvert face à l’homosexualité, la maladie ou bien de combattre le racisme. Toutefois, l’expérience sur le terrain est souvent négligée, car plus difficile et plus éprouvante. Cependant, c’est la plus enrichissante. Ainsi, j’ai vécu des relations avec des gens différents de moi, ce qui m’a permis de m’ouvrir davantage aux différences tout en m’aidant à me connaître d’une façon plus approfondie.

Finalement, mis à part l’apprentissage à long terme, le sentiment que je ressens pendant le bénévolat est d’une intensité inégalée. L’atmosphère qui règne dans la maison est conviviale. Il n’y a pas de masques. Tout le monde est franc et respire de bonheur. Cette ambiance combinée au sentiment ressenti lors de la relation d’aide me procure un bien-être généralisé que je n’ai jamais connu auparavant. Ce n’est pas un sentiment de satisfaction, c’en est un de bonheur.

Cette expérience favorisant la croissance personnelle n’est possible que grâce au soutien que la Maison d’Hérelle offre aux bénévoles. La maison organise des soupers, barbecues et fêtes pour nous remercier. De plus, nous sommes constamment encadrés et suivis régulièrement. Nous sommes appelés à discuter de nos expériences de bénévolat dans la maison. L’écoute offerte nous permet de nous sentir appréciés tout en consolidant nos expériences acquises.

En terminant, le choix de donner mon temps à une cause si exigeante qu’est le soutien aux personnes vivant avec le VIH-sida a été difficile puisque j’avais peur de ne pas être à la hauteur ou d’être trop mal à l’aise. J’ai appris que c’est dans les moments difficiles et exigeants que l’on apprend le plus, que ce soit sur les autres ou sur nous-mêmes. Longue vie à la relation d’aide !

Mathieu Dufour

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Témoignages du personnel

 

« Tu es bien plus grand que tu ne penses »

Il y a déjà six ans que je suis intervenante à la Maison d’Hérelle et j’ai encore du mal à parler vraiment de mon travail. D’abord parce que sa nature change et évolue au gré des transformations qui caractérisent les symptômes et les traitements du sida et surtout parce que c’est toujours difficile d’expliquer ce qu’on fait principalement avec son cœur, plutôt qu’avec sa tête ou ses mains…

Travailler à la Maison d’Hérelle, c’est d’abord, pour moi, une question de cœur en effet. C’est le choix d’un milieu de vie où chaque rencontre est l’occasion d’aller encore plus loin dans la confiance et dans la reconnaissance des forces de l’autre. Des forces et des faiblesses…de tout ce qui fait un être humain à un certain moment de son parcours; de tout ce qu’on aime chez l’autre et de tout ce qu’on aime moins.

Et aimer, je le crois profondément, ne veut surtout pas dire tout faire ou faire n’importe quoi. C’est plutôt, par exemple, être disponible sans prendre toute la place; être présent sans être toujours là; aider et non pas vouloir tout régler. C’est comprendre et accepter ses propres limites en même temps que celles de l’autre, c’est lui laisser le droit à ses choix dans le respect des libertés de tous. C’est être dur parfois… et souvent plus dur avec ceux qu’on aime, justement, qu’avec ceux qui nous laissent indifférents!

C’est porter, sur l’autre et sur soi-même, le même regard. Lucide et tendre. Exigeant et confiant. Tranquille et volontaire. Ce regard-là qui dit, riche de toute l’humilité du monde : «Tu es bien plus grand que tu ne penses».

Denyse Lavigueur

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« Je remercie celles et ceux qui sont passé(e)s à d’Hérelle »

Je suis intervenante auprès des résidents depuis huit ans et demi. En regardant en arrière, je retrouve aujourd’hui les mêmes valeurs fondamentales que j’ai trouvées il y a si longtemps : l’authenticité, l’entraide, la compassion, l’amour inconditionnel, le rire, les larmes, la transformation, le respect des différences culturelles, spirituelles et sexuelles.

Je continue à être reconnaissante du privilège que j’ai d’accompagner des personnes vivant avec le VIH-sida dans leur cheminement vers une meilleure qualité de vie.

Je remercie celles et ceux qui sont passé(e)s à d’Hérelle, qui ont trouvé la paix et qui m’ont permis de les accompagner.

Judith

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« Il y a une grande partie de mon cœur ici… »

Il y a près de huit ans, la Maison d’Hérelle est entrée dans ma vie. J’ai d’abord songé à y faire du bénévolat, voulu y effectuer un stage de massothérapie et finalement par un concours de circonstances, j’ai été engagée comme secrétaire. À cette époque, être atteint du sida signifiait aller vers la mort à plus ou moins brève échéance.

Plus qu’un lieu de travail, j’ai trouvé l’expérience humaine dans toutes ses dimensions, même celles qu’on cache ou dont on parle en chuchotant. Rien de commun avec mes emplois précédents au sein de grands bureaux comptables. Le sentiment de faire ma petite part dans la société m’a donné une satisfaction au travail inconnue jusque là.

Bien sûr, la Maison d’Hérelle s’occupe de ses résidents, les accompagne dans leur parcours vers la vie ou la mort, mais les employés ne sont pas laissés pour compte. La vie ne s’est pas toujours écoulée comme un long fleuve tranquille durant ces années, mais on m’a permis de traverser les zones de turbulence et on m’a respectée comme personne. Je suis allée voir ailleurs, mais la qualité des relations développées avec mes collègues et les résidents m’a ramenée vers la vie communautaire. Il y a une grande partie de mon cœur ici…

Anne

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« Un lieu où les valeurs humaines sont réellement vécues »

J’ai vu beaucoup de détresse chez les résidents de la Maison d’Hérelle, depuis dix ans. Elle n’a pas toujours le même visage, mais elle se lit dans le regard de chaque personne que j’ai connue.

Je crois que c’est surtout la gentillesse, la générosité et la disponibilité du personnel et des bénévoles qui ont aidé à soulager les souffrances des personnes qui sont passées ici. Le grand respect qui est témoigné envers chaque personne, qu’il soit résident ou membre de l’équipe, fait de la Maison un lieu où les valeurs humaines sont réellement vécues.

Des changements, j’en ai connus. Ce ne sont pas les occasions d’adaptation qui ont manqué. Mais cette Maison est à mes yeux un milieu de travail stimulant et enrichissant et j’espère être là pour relever les défis à venir…

Michel

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« Un lieu où il est permis de rire et de pleurer sans jamais être jugé »

La Maison d’Hérelle… elle est bien plus qu’une maison d’hébergement pour les gens atteints du sida. C’est un univers unique où l’on évolue, où l’on grandit. Autant pour nous intervenants que pour ceux qui viennent y vivre. La Maison d’Hérelle, c’est un lieu où il est permis de rire et de pleurer sans jamais être jugé. En fait, la maison c’est une grande famille, une famille composée de gens qui ont tous eu un cheminement particulier et qui, un jour, pour une raison ou pour une autre, sont de passage ici.

Ça fait maintenant 3 ans et des poussières que j’ai la chance d’évoluer quasi quotidiennement au sein de la Maison d’Hérelle. J’y suis venue comme étudiante faire mon stage en éducation spécialisée, toute jeune, toute timide, ne sachant pas du tout dans quoi je m’embarquais. C’est là que mon histoire d’amour a débuté… et je ne suis plus jamais repartie!

Ça n’a pas toujours été facile, parfois même très déchirant, mais c’est de ces expériences que je ressors le plus grandie. Le travail d’intervenante n’a rien de facile puisque c’est un travail humain, un travail qui doit être fait avec le cœur. Mais c’est aussi ce qui fait toute la beauté de mon travail et voilà pourquoi j’en suis si amoureuse!

Élise Patenaude

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« Le travail peut devenir un lieu de ressourcement et de croissance »

Je travaille à la Maison d’Hérelle depuis plus d’un an comme intervenante avec un mandat d’accompagnement et de soutien aux résidents.

Les besoins d’accompagnement des résidents se situent à divers niveaux et varient d’une personne à l’autre bien sûr. Il y a les soins qui concernent la santé physique et mentale et requièrent le plus gros de nos énergies selon que les personnes sont plus ou moins autonomes. Et puis, à travers ces soins, il y a les besoins d’ordre spirituel ou religieux, toujours reliés à une quête de sens qui s’impose avec le choc de la maladie et un sens à la vie qui se perd. Tout semble craquer et certains repères autrefois équilibrants disparaissent. Le travail professionnel n’est plus possible pour certains et pour d’autres, le mariage est brisé ou encore les relations avec la famille et les proches deviennent problématiques, le diagnostic du sida et l’identité sexuelle qui semblent impossible à révéler.

Donc, toutes les pertes inhérentes à une santé en vacance pour un plus ou moins long terme et, même dans bien des cas, une perte définitive imposant de se tourner vers l’Ailleurs. Dans une éventualité comme dans l’autre, il y a cet apprentissage à faire ou à refaire pour s’abandonner à la vie, pour retrouver en soi, au plus profond de l’être, un lieu de sécurité absolue permettant de glisser soit vers la terre ferme, soit vers l’autre rive.

Donc, nous essayons d’offrir le soutien approprié afin que la personne puisse rejoindre son centre vital et y rester connectée pour y puiser la force et la sérénité et cheminer à travers ces expériences limites. Il arrive que cela demande peu de mots et se réduise à certains rituels apaisants qui parfois font appel à la foi chrétienne, puisqu’une majorité des résidents sont issus de cette culture. Il arrive aussi que cet accompagnement se situe davantage dans un climat à créer, d’une légèreté, d’une joie, d’une paix qui respecte toute la gravité du vécu de chacun(e). À travers nos tâches respectives, en soi souvent banales et pourtant importantes lorsqu’elles sont porteuses de respect, de compréhension et d’empathie, être présent au présent et ainsi, à notre insu, se communiquer l’un à l’autre quelque chose de l’indicible, Dieu qui se dit de façon singulière à travers chaque individu.

Il y a un défi certain à travailler dans un tel milieu en même temps que je me sens favorisée d’accompagner ainsi des personnes qui nous ramènent au fondamental, de les suivre sur leurs chemins respectifs, de contempler l’œuvre de Dieu en chacun – que l’Éternel soit nommé ou pas – et d’accueillir ainsi la vie. Alors le travail peut devenir un lieu de ressourcement et de croissance, un bonheur partagé.

Il décide et ils existent et il les tient pour toujours. (ps 148 : 5… 6)

Ghislaine Roy

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« Le genre d’histoire qui me dit qu’il faut continuer à se battre. »

J’aimerais tout simplement vous faire part d’une expérience que j’ai vécue récemment. Une expérience qui illustre bien ce qui me touche encore aujourd’hui dans l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH/sida, surtout dans un cadre comme celui de la Maison d’Hérelle. Le genre d’histoire qui me dit qu’il faut continuer à se battre.

Il y a quelques mois à peine, je me retrouve auprès d’un garçon de 33 ans. Pour moi, il était au cœur de sa vie, d’une vie. Son visage est tellement émacié qu’on ne voit plus le bleu perçant de ses yeux qui implorent des réponses à des questions sans fin. Sa démarche malgré son jeune âge est lente et fatiguée. Il fait d’immenses efforts pour participer à la vie de la maison, particulièrement pour les repas, même si c’est devenu insupportable. Il économise ses énergies et les dépense. Il voudrait retourner travailler et aller vivre avec son chum. Il le répète souvent… J’ai été témoin de ses longs silences, de la façon dont il observait la condition des autres résidents par rapport à la sienne. Je l’ai vu regarder la parade passer sans qu’il puisse en faire partie… Les thérapies font des miracles pour certaines personnes, mais pour d’autres, c’est l’échec.

J’ai encore en mémoire sa ténacité, sa volonté d’agir, de vouloir demeurer actif au sein des comités de la maison et du conseil d’administration où j’ai eu la chance de le côtoyer. Ces réunions pendant lesquelles les administrateurs espéraient qu’il puisse se rendre jusqu’à la fin sans embuche, son désarroi, sa condition d’homme gay et la tristesse de ses proches, tout un bagage ! Un jeune homme qui aurait dû être à la recherche d’un appartement pour retourner dan la communauté, alors que dans la réalité, il devait choisir un salon funéraire pour préparer sa mort prochaine.

Tout cela, je ne peux l’oublier et je suis fier d’avoir fait un bout de chemin avec un gars comme Patrick.

Michel Richard - Héros du sida 2003

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« J’apprends sans cesse, sur moi, sur les autres, sur la maladie, les soins, la vie… »

J’ai commencé à fréquenter la Maison d’Hérelle comme bénévole en mars 2004. Si je me souviens bien, je suis arrivée ici sans trop d’attentes, peut-être seulement en espérant faire mon bout de chemin. Je ne me doutais pas à ce moment-là que j’allais devenir accro!

Ce qui m’a tout de suite frappé, c’est l’équipe. C’est une équipe que je considère très ouverte et qui m’apporte beaucoup de soutien. On y sent bien le respect et l’accueil. C’est aussi une équipe très diversifiée, tout en restant unie! Je crois que ce qui aide à la cohésion, c’est qu’on a souvent la chance d’échanger sur notre travail, mais aussi sur ce que l’on vit. On sait à tout moment dénicher une oreille attentive et compréhensive. La Maison d’Hérelle, pour moi, c’est la chance d’exercer un travail qui me passionne dans un milieu vraiment enrichissant sur le plan personnel. J’ai l’impression qu’on m’a accueillie ici avec toute ma naïveté de jeune fille, et que les expériences n’ont pas cessé de se succéder pour me faire comprendre toujours plus de choses. On apprend beaucoup, à côtoyer des êtres humains! On est souvent confronté à soi-même et à ses limites, ce qui incite à travailler sur soi. Puis, en se découvrant soi-même, ça donne accès aux meilleurs outils pour être en relation d’aide avec les autres.

Ce que j’admire de la Maison d’Hérelle et qui me rend fière de travailler pour elle, c’est le fait que ce soit un milieu où on est appelé à s’adapter aux besoins des gens et où on ose innover. Je n’ai pas connu ces années où, lorsque l’on parlait de VIH, on se préparait à la mort pour les prochains mois. Je sais qu’aujourd’hui, on voit beaucoup plus de gens pour qui la mort approchait rapidement et qui se voient accorder une deuxième chance. Souvent, ils reprennent le chemin de la vie avec des traces laissées par la maladie, traces avec lesquelles il leur faut apprendre à composer. C’est maintenant ici qu’une partie de notre travail se situe : donner un appui à ces personnes pour les aider à se relever, puis voir avec elles les possibilités qui leur sont offertes. La Maison a su s’adapter à cette nouvelle réalité, en proposant de nouveaux services et en accompagnant toujours les résidents de façon personnalisée.

Puis il y a la démence. Je suis arrivée ici à un moment où la maladie se montrait avec ce nouveau visage. Lors d’une formation sur le VIH à laquelle j’assistais, je me souviens d’avoir demandé aux conférenciers s’il serait question de la démence durant la fin de semaine. L’un d’eux m’avait alors répondu : « Tu es de la Maison d’Hérelle, n’est-ce pas? Tu es alors sans doute la mieux placée ici pour nous en parler! » C’est là que j’ai compris que, non seulement ce terrain n’avait pas encore été défriché, mais que notre rôle, dans cette nouvelle compréhension de la maladie, pourrait devenir important. C’est donc sans avoir de mode d’emploi que l’on relève le défi tous les jours, en étant témoin des différentes manifestations de la démence. Encore une fois, on se questionne, on tente de faire des liens, puis on trouve des moyens pour s'ajuster!

J’ai donc plusieurs raisons de rester accrochée à cette Maison. C’est un endroit où l’on se sent accueilli, respecté et où l’on se doit d’être authentique. C’est un milieu stimulant, qui est ouvert aux changements et où j’apprends sans cesse, sur moi, sur les autres, sur la maladie, les soins, la vie…

Amélie Julien

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